samedi 12 mai 2018

Véhicule autonome : l'Armée s'y met aussi

Récemment, le fonds d'investissement de l'Armée, Definvest, a procédé à sa première opération en souscrivant à une levée de fonds chez Kalray. Cette société, basée à Grenoble, développe des processeurs surpuissants de nouvelle génération, spécialement adaptés aux voitures autonomes. Ils permettent d’analyser à la volée et de manière intelligente des flux très importants d’informations, de réagir et de prendre des décisions en temps réel.

Le plus amusant est que Definvest (qui est géré par Bpifrance pour le compte du ministère des Armées, avec un budget de 50 millions) s'est retrouvé aux côtés d'un autre fonds d'investissement, celui de l'Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, Alliance Ventures. Tous deux apportent aux côtés des actionnaires existants un apport de 10 millions d'euros.

Les processeurs de Kalray (à 288 coeurs !) et qui consomment 10 fois moins que ceux de la concurrence, sont compatibles avec les standards de l'automobile (ASIL-B/C, ISO 26262, AUTOSAR...). La technologie a pour nom MPPA (Massively Parallel Processor Array).

"L'entrée au capital du ministère des Armées est "pour nous une très forte validation de l'avance technologique et de l'enjeu stratégique de nos solutions sur le marché", a commenté le président du directoire de Kalray, Eric Baissus. En fait, Kalray est soutenue depuis 2010 par la Direction générale de l’armement (DGA) du Ministère des Armées. Ses solutions peuvent aussi bénéficier aux drones et aux robots, même si la priorité reste dans un premier temps les véhicules intelligents.

Aux Etats-Unis aussi, le véhicule autonome est un enjeu pour les militaires. Le DARPA, l'Agence de projets de recherche avancée du Département de la Défense finance déjà des recherches sur ce thème depuis 2004. Pour l'Armée, les enjeux sont cruciaux, étant donné que 52 % des victimes américaines dans les zones de combat peuvent être attribuées à des problèmes de logistiques (livraison de nourriture et de carburant notamment). Outre le domaine de la logistique, la conduite de tanks ou de véhicules de déminage représente également un danger majeur. Le Département de la Défense pourrait opter pour la solution des véhicules contrôlés à distance plutôt que pour des véhicules entièrement autonomes, pour un déploiement plus rapide.