jeudi 17 mai 2018

L'hydrogène arrive en France, encore sur la pointe des pieds

Hier, alors que je me trouvais à Rouen pour le congrès Powertrain de la SIA, les intervenants de la table ronde que j'animais (sur le futur des motorisations) ont été amenés à parler de l'hydrogène. Et pour cause, il y avait le groupe PSA et Faurecia dans le panel. On sait que le premier a déclaré vouloir explorer cette voie pour les véhicules utilitaires et que le second monte en compétences dans ce domaine et vient de décrocher son premier contrat. En complément de l'électrique à batterie, la pile à combustible s'avère plus judicieuse pour les véhicules lourds et à grand gabarit.

Et précisément, le groupe PSA va proposer ce type de véhicules en petite quantité pour des flottes d'entreprises à l'horizon 2020. Il s'agira plus d'une expérimentation que d'un véritable lancement, mais c'est une façon de préparer l'avenir. Tout comme Mercedes en Allemagne, et demain sans doute Audi quand il proposera à son tour un modèle à hydrogène, le constructeur français entend démarrer en douceur et avoir un retour d'expérience sur la technologie, au fur et à mesure que vont se développer les stations.


A noter que Plastic Omnium a surpris tout le monde. L'équipementier français exposait en effet une Fiat 500.... à hydrogène. Plus exactement, c'était une 500 électrique, où a été retirée la batterie lithium-ion d'origine pour en mettre une plus petite. PO a aussi ajouté un convertisseur DC/DC et surtout une pile à combustible de 10 kW, utilisée comme range extender. Le véhicule, qui tourne depuis déjà deux ans, et a parcouru 200 000 km. Il permet d'avoir un retour d'expérience.



Ce jeudi à Tours, une conférence se tient sur le thème de l'hydrogène à l'initiative de la région Centre Val de Loire. Cette dernière souhaite, comme d'autres régions de France (Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche Comté, Normandie, Occitanie...), se lancer dans ce type d'énergie, à la fois pour le stationnaire et la mobilité. Amené là encore à animer les débats (quelle semaine !), je peux vous présenter en avant-première deux projets.

Au sud de Tours, près de l'autoroute A10, la communauté de communes Touraine Vallée de l'Indre veut installer sur une zone d'activités (ISOPARC) une station à hydrogène. Disponible en septembre, elle proposera de l'hydrogène vert, issu d'énergies renouvelables. Elle servira à alimenter des utilitaires (Kangoo H2 équipés par Symbio), qui seront une quinzaine. La station pourra aussi à terme permettre à des automobilistes de passage (roulant en Toyota Mirai ou tout autre véhicule) et à des routiers (quand le camion à hydrogène arrivera) de faire le plein. Et la même communauté de communes veut aussi faire rouler une benne à ordures à l'hydrogène. La station a donc une utilité.

La métropole de Châteauroux souhaite également s'équiper d'une station à hydrogène et de voitures.

Par ailleurs, la région soutient un projet qui s'appelle METHYCENTRE. Il s'agit là de produire de l'hydrogène à partir d'un biogaz, issu lui même de la fermentation d'origine agricole. Ces deux carburants décarbonés pourraient être utilisés ensuite par des véhicules, les uns roulant à gaz, les autres à l'hydrogène.

L'ambition de la région Centre Val de Loire est de devenir elle aussi une vallée de l'hydrogène. Elle dispose sur son territoire de compétences avec d'une part le CEA, des labos de recherche et des industriels dont Raigi (réservoirs de stockage) ou encore Plastivaloire (qui pourrait demain fabriquer des plaques bipolaires pour les piles à combustible).