jeudi 30 novembre 2017

La filière Diesel fait toujours de la résistance en Allemagne

Mardi dernier, un nouveau sommet sur le Diesel a eu lieu à Berlin. La Chancelière Angela Merkel a rencontré cette fois des représentants de communes, qui enregistrent des niveaux de pollution atmosphérique élevés. Quelque 90 villes, dont Munich et Stuttgart, où BMW et Daimler ont leurs sièges sociaux respectifs, pourraient se voir infliger des amendes pour leurs niveaux excessifs de dioxyde d'azote (NO2), selon le mouvement écologiste du DUH. Le gouvernement fédéral allemand a débloqué 1 milliard d'euros. La somme permettra aux villes d'investir dans des outils numériques permettant d'améliorer la gestion du trafic, de remplacer les bus diesel par des modèles à zéro émission et de développer un réseau de rechargement des batteries. Ce n'est pas suffisant pour les écologistes, qui réclament des interdictions de circulation.
Il faut préciser que des sommets sur le Diesel ont déjà permis à la Chancelière d'échanger avec les acteurs de l'industrie automobile. Une autre est d'ailleurs prévue, début 2018. Comme on le sait, les constructeurs allemands sont en train de procéder à des campagnes de rappel pour proposer une mise à jour logicielle pour le traitement des NOx et financent par ailleurs la mise à la casse de vieux Diesel avec des primes permettant d'acheter des véhicules plus récents, thermiques ou électrifiés (et dont on bénéficie aussi en France). Ils font tout pour éviter les interdictions. Pas sûr cependant qu'ils y arrivent, car le Dieselgate a laissé des traces.

Comme ils le disent souvent, et malgré des investissements colossaux dans l'électromobilité qui font passer les fameux 4 milliards d'euros de Renault-Nissan pour de la petite monnaie, en investissant à la fois dans la batterie et la recharge, les industriels allemands pensent encore que le Diesel a un rôle à jouer, ainsi que le moteur thermique (en combinaison par exemples avec des carburants synthétiques, comme le souhaitent Audi et Bosch).

Dans le traitement de ce genre d'infos, la presse française écrit toujours que l'Allemagne est à la traîne en matière de voiture électrique. Pourtant, la plupart des marques ont une offre de véhicules 100 % électriques* et une large gamme de véhicules hybrides rechargeables (ce qui n'est pas le cas des constructeurs français). C'est aussi ignorer que dès 2010, un plan sur l'électromobilité a été voté avec un budget de 500 millions d'euros et un objectif (abandonné depuis) d'un million de véhicules électriques en 2020.

L'Allemagne n'a pas d'équivalent de Ségolène Royal. Ceci explique sans doute cela.

*BMW i3, Mercedes Classe B (qui vient de s'arrêter), Smart ED, Opel e-Ampera, VW e-Up et Golf. D'autres modèles arrivent en 2018 chez Audi, puis d'ici 2020 chez Mercedes (gamme EQ), Porsche et Volkswage (gamme ID).