jeudi 8 juin 2017

Pollution : les constructeurs veulent être jugés sur des faits

Hier, j'étais à Versailles pour animer une table ronde dans le cadre du congrès international de la SIA*, Powertrain. C'était une discussion très intéressante, portant sur l'avenir du moteur à essence et de l'apport de l'électrification pour relever les défis liés au CO2 et à la pollution. Evidemment, on a évoqué le Dieselgate et le climat de suspicion qui pèse sur les constructeurs. Cela a permis à certains d'entre eux* de tenir quelques propos bien sentis.


Restaurer la confiance : tel est le leitmotiv de l'industrie automobile, qui sait bien que c'est une tâche difficile. Avec la prise en compte de l'usage réel (RDE : Real Driving Emissions), les constructeurs vont devoir proposer des moteurs encore plus performants. Et c'est bien ce que compte faire PSA, dont une nouvelle génération de moteurs à la fois Diesel et essence arrive dans les prochaines semaines. Pour le Diesel, ils respecteront le standard qui ne sera appliqué qu'en 2020 (1,5 fois le seuil des émissions théoriques de NOx). Et pour l'essence, Christian Chapelle de PSA a aussi annoncé que, non seulement le groupe appliquerait le filtre à particules sur les moteurs à injection directe, mais qu'il serait généralisé à 100 %. Un geste fort de la part de PSA, qui après avoir été le premier à lancer en série le FAP sur le Diesel, entend envoyer un signal.

Le filtre n'est pas forcément nécessaire pour ce constructeur pour se conformer à la règle Euro 6, mais c'est une façon de montrer qu'il ne traite pas la pollution à la légère. Et d'ailleurs, d'autres marques vont aussi appliquer le filtre sur l'essence.

Plus globalement, les constructeurs entendent jouer la carte de la transparence. PSA et l'a déjà fait par exemple avec deux ONG (T & E, France Nature Environnement). Ils ne sont pas fermés à d'autres initiatives (par exemple, ce que propose le groupe C40 des 40 plus grandes villes du monde engagées dans la lutte contre le réchauffement climatique). Mais, ce qu'ils veulent, ce sont des faits. Et Christian Chapelle, encore lui, a mis en doute la qualité des mesures effectuées par Emission Analytics, dont l'index pourrait servir de référence au niveau mondial.

En résumé, l'industrie automobile souhaite que les politiques dédramatisent le débat sur la pollution et que l'on laisse d'abord parler la science, en prenant en compte les technologies du puits à la roue (et pas seulement du réservoir à la roue).


*Société des Ingénieurs de l'automobile
**Les intervenants étaient les suivants ; Christian CHAPELLE - Head of Powertrains and Chassis | Groupe PSA
Bruno COVIN - Vice president, Alliance Powertrain Strategy | Renault-Nissan
Antony HARPER - Director of Engineering Research | Jaguar Land Rover
Robert MEYER - Vice President Corporate Strategy/Cooperations | BMW
Koichi NAKATA - Project General Manager, Advanced Engine Design & Engineering Div., Powertrain company | Toyota
Helmut LIST - President | AVL