mercredi 21 juin 2017

Mobilité hydrogène : elle accélère aussi

Si certains acteurs ne jurent en ce moment que par la batterie, en raisonnant à court terme, il ne faut pas négliger l'hydrogène qui connaît lui aussi une véritable accélération. Comme l'a rappelé Erwin Penfornis, Directeur Marché Hydrogène chez Air Liquide, en deux ans, le nombre de véhicules à hydrogène dans le monde est passé de 1000 à 10 000 et le nombre de stations H2 de 100 à 300. Il s'exprimait à l'occasion des Journées de l'hydrogène dans les territoires, organisées par l'AFHYPAC à Nantes.



Parlant également en tant que représentant du Hydrogen Council, cet expert a dressé un panorama de l'évolution de la mobilité hydrogène.

Le territoire le plus dynamique est la Californie, avec 5000 véhicules prévus cette année et 49 stations. Cet Etat devance le Japon, qui table néanmoins sur 3000 véhicules et 92 stations en 2017. L'accélération est attendue en 2018 dans certaines parties du monde, comme en Allemagne (100 stations H2), mais le rendez-vous se situe surtout en 2020.

A cette date, le Japon va accueillir les JO de Tokyo. Il y a aura alors 40 000 véhicules sur les routes au pays du soleil levant. La Californie n'en prévoit que 18 000 cette même année. Il y aura par ailleurs 9000 véhicules à l'hydrogène en Corée.


En France aussi, les choses évoluent. Air Liquide a rappelé que le service de taxis HYPE (opéré par la STEP) disposerait de 600 voitures en 2020 sur la région parisienne. A ce jour, et alors que la flotte va passer à 70 voitures en 2017, les taxis bleus à pile à combustible ont transporté plus de 50 000 clients et parcouru plus de 550 000 km en mode zéro émission.

J'ai échangé avec Matthieu Gardies, le patron de la STEP. Satisfait d'avoir fait entrer trois Mirai, aux côtés du Hyundai ix35 FC, il estime que le marché du taxi est une façon pour les constructeurs de se positionner. Il a par ailleurs indiqué que les voitures de la flotte pourraient bientôt ravitailler à l'aéroport d'Orly, où une station est en train d'être aménagée par Air Liquide.


C'est la mobilité qui fera décoller la filière de l'hydrogène, a encore déclaré à Nantes Erwin Penfornis, d'Air Liquide. Il n'a pas tort. On voit de plus en plus de collectivités faire le choix de la voiture à hydrogène (Kangoo H2 ou Hyundai), en installant au passage des stations H2 qui sont dimensionnées pour alimenter à terme plusieurs véhicules, dont les bus. Le transport public est un débouché important pour l'hydrogène, en alternative (ou en complément) au gaz naturel. Il y aura 1000 bus à pile à combustible en Chine dès l'année prochaine, et autant en Europe en 2020.


Bien sûr, on pourrait évoquer aussi les chariots élévateurs et les projets de camions à hydrogène. Mais, pour revenir à Nantes, la mobilité se traduit également par un bateau à hydrogène. Le Navhybus va entrer en service à la rentrée et pourra transporter des passagers sur l'Erdre (25 personnes, 10 emplacements pour des vélos). Ce catamaran embarque deux piles de 5 kW de Symbio, dont la technologie va aussi bien sur route que sur l'eau. L'hydrogène est stocké dans deux réservoirs de 205 litres.


Et pour terminer, signalons encore que la région Centre Val de Loire veut faire rouler des vélos à hydrogène sur l'itinéraire de la Loire à vélo. Des stations seraient implantées le long du fleuve pour ravitailler. Il ne s'agit pour l'instant que d'un test avec 20 vélos, mais il est symbolique.