mardi 2 mai 2017

Le véhicule connectée et autonome totalement zappé par la Présidentielle

Alors que la Sécurité Routière se couvre de honte en se servant de l'argument du terrorisme pour réclamer l'interdiction du signalement des contrôles opérés par les forces de l'ordre, dans le cadre d'un projet de décret transmis à la Commission Européenne, et qui concerne les applications pour smartphone, les GPS, les sites internet et les réseaux sociaux*, si on parlait un peu de technologie ? C'est le message qu'a fait passer l'Automobile Club Association aux candidats encore en lice pour la Présidentielle, en leur adressant un document (2017-2022 : objectif mobilité pour tous) qui pointe un certain nombre de sujets à améliorer dans les 5 ans à venir.
Ma lecture de ce document, qui évoque aussi les limites du tout-radar, le matraquage fiscal des automobilistes et la politique autophobe, est sélective. Je ne parlerai donc que du numérique, qui est l'avenir de l'industrie automobile, et sur lequel ne se sont pas prononcés les candidats.

L'ACA rappelle que d’ici 2025, la voiture sera entièrement connectée et progressivement autonome. C'est d'ailleurs une opportunité pour l'amélioration de la sécurité routière et même l'écologie, avec un développement de l'autopartage. Et pour ceux qui peuvent considérer que 2025 c'est loin, rappelons que dès 2018, le système Ecall d’appel automatique des secours en cas d’accident sera obligatoire dans les véhicules neufs. C'est d'ailleurs déjà le cas pour un certain nombre de marques.

Toutefois, ce progrès doit s'accompagner d'une maîtrise de l'utilisation qui peut être faite des données. Selon la FIA, en dehors du profil du conducteur, d’autres données sont transmises directement au constructeur, comme la localisation du véhicule, la durée du trajet ou des informations personnelles émanant du téléphone portable. "Les véhicules connectés en disent long sur les conducteurs, bien plus que ce que les consommateurs peuvent imaginer", souligne le document. Il faut donc établir un cadre législatif.

Quant au véhicule autonome, (dont les ayatollahs de la sécurité routière ne parlent jamais, alors qu'il pourrait diviser par 10 le nombre d'accident en une quinzaine d’années), il pose d'autres questions. "Cette révolution en marche va considérablement bouleverser le paysage routier, les habitudes des usagers, et supposera de nouveaux cadres juridiques appropriés supposant de repenser la définition même du conducteur et des règles de responsabilités en cas d’accident", écrit l'ACA. "Ces innovations technologiques pour être acceptées et pour produire leurs bénéfices "sécurité" de manière optimale supposeront la formation spécifique des utilisateurs".

L'association demande donc la préparation active de la phase transitoire au cours de laquelle les deux catégories de véhicules (autonomes et non autonomes)  vont interagir sur les routes. Elle réclame par ailleurs un niveau exigeant de la qualité des routes qui pour devenir "intelligentes" et communiquer avec des voitures "intelligentes" doivent être entretenues et performantes.

C'est à ce genre de détails qu'on mesure le fossé entre une DSCR qui ne pense qu'à la répression et à l'utilisation du numérique pour verbaliser, et d'autres acteurs qui sont plus attentifs à l'évolution du monde. C'est d'ailleurs à l'image du scrutin présidentiel finalement : le repli sur soi et le "c'était mieux avant" ou une ouverture sur le monde et le progrès.


*La Sécurité Routière a perdu sur ce terrain en Cassation. Elle avait déjà essayé en 2011 de faire interdire Coyote et consorts, avant de reculer devant l'émotion suscitée par cette mesure inspirée par la Ligue contre la Violence Routière (qu traite Coyote de "chacal").