vendredi 7 avril 2017

Voiture autonome : c'est qui le plus fort ?

J'ai pris connaissance d'une étude sortie par Navigant Research aux USA et qui conclut que Ford et GM dominent le secteur de la voiture autonome. Ce classement peut surprendre, même si on sait que Ford met le paquet en ce moment sur le sujet, et que Mark Fields a pris l'engagement de sortir en 2021 une voiture sans chauffeur, ni volant, ni pédales. La marque à l'ovale a par ailleurs décidé d'investir 1 milliard de dollars sur 5 ans dans Argo AI, une start-up basée à Pittsburgh, en Pennsylvanie. La présence de GM est plus surprenante, quand on sait qu'à part la fonction Super Cruise de Cadillac qui doit arriver bientôt et des tests de Chevrolet Bolt autonomes, l'ex numéro 1 mondial de l'automobile a encore tout à prouver. Et le reste du top 10 est encore plus étrange.



Navigant Research classe donc ensuite l'Alliance Renault-Nissan, Daimler, le groupe Volkswagen, BMW, Waymo (Google) , Volvo (avec la JV Zenuity dans laquelle le constructeur s'est associé avec Autoliv), Delphi et Hyundai. Tesla est relégué plus loin, au même niveau que PSA et Toyota. Quant à Uber (et ce n'est pas faux), il se trouve dans les derniers.

Ce classement a mis hors de lui un blogueur américain, Brad Templeton, qui sur Roboticstrends.com dit qu'il ne peut pas croire que Google et Uber soient si loin derrière. Il précise qu'il n'a pas voulu acheter le rapport, rien que pour ça. En France, le Blog Auto a écrit que, "il y a un an, la Silicon Valley battait encore à plate couture les dinosaures automobiles". Lesquels "ont mis les bouchées doubles depuis". Laissons de côté ces rigolos pour apporter un commentaire plus argumenté.

On remarquera pour commencer que Bosch, le premier équipementier mondial, n'est pas dans la liste (alors qu'elle comprend ZF*). Ca commence bien. Le même Bosch qui va aider Daimler à lancer des voitures autonomes de niveaux 4 et 5 dès le début de la décennie. Ces souffreteux de Mercedes vont lancer une Classe S avec une automatisation élargie (évitement de piétons, changements de file, arrêt d'urgence en cas de non réponse du conducteur), Il n'y pas non plus Continental, ni Valeo. Ces équipementiers fournissent pourtant un paquet d'ADAS aux constructeurs automobiles et leur expertise dans l'automatisation est connue. Leur absence de la liste est quand même assez troublante.

Je suis aussi assez surpris de voir Renault-Nissan avant Audi et BMW. Les deux derniers auront pourtant plus de facilité pour déployer la techno et la faire payer par leurs clients.

Il est à noter que le Prolemus Consulting Group a également sorti une étude sur le véhicule autonome aux USA. Outre le fait qu'il estime à 700 000  le nombre d'accidents évités chaque année à partir de 2030, le rapport mentionne aussi Ford et GM comme ceux qui peuvent faire tout en interne (et y ajoutant cette fois Tesla). Bizarrement, il classe Renault-Nissan aux côtés de Fiat-Chrysler et de Honda, parmi ceux qui devront aller chercher la compétence chez des géants de la high-tech.

Clairement, les instituts américains ont du mal à voir plus loin que l'horizon de San Francisco ou Detroit. Je voudrais ici signaler que, non, la Silicon Valley ne fait pas la loi en matière de conduite autonome (on voit bien les problèmes que rencontre Uber), contrairement à une idée reçue.

Ce qui se vérifie par contre, c'est que les constructeurs automobiles - qui ont pour certain des décennies d'expérience -  sont effectivement bien décidés à accélérer. Et c'est particulièrement le cas pour les Européens, les vrais pionniers dans ce domaine, et qui vont le faire avec le soutien franc et massif de la Commission.

Après, des coopérations seront toujours possibles. Et de ce point de vue, j'aurais mis dans la liste Intel, qui vient de racheter MobilEye. Intel, que j'ai croisé dans la conférence CAD où je me trouvais lundi et mardi à Bruxelles. Par contre, il n'y avait pas Waymo. Ils n'ont pas trouvé où c'était sur Google Maps ?

*Qui a racheté l'américain TRW, ceci expliquant peut-être cela.