vendredi 13 janvier 2017

Un challenge de navettes autonomes en préparation à Strasbourg

Hier matin, j'ai assisté à la conférence de présentation du congrès ITS de Strasbourg. Du 19 au 22 juin, la capitale alsacienne va en effet accueillir le prochain congrès européen dédié aux systèmes de transport intelligent. Et le point d'orgue sera un challenge international transfrontalier de navettes autonomes. Les acteurs qui développent de tels véhicules collectifs sont invités à faire acte de candidature pour être sélectionnés et participer à un test comparatif sur un parcours de 2 km de part et d'autre du Rhin, entre Kehl et Strasbourg sur route ouverte.

Pour l'ancienne ministre et maire de Strasbourg Catherine Trautmann, qui est aujourd'hui Vice-Présidente de Strasbourg Eurométropole, la technologie c'est bien, mais avoir le point de vue de l'usager "ce n'est pas mal non plus". Le souhait est donc de pouvoir tester, comparer, s'assurer de la fiabilité et surtout mesurer l'accueil du public.

Strasbourg a déjà accueilli des véhicules autonomes dans le cadre du projet CATS (City Alternative Transport System). Mais, entre temps, le contexte a changé. Exit les protos en forme de bulle et datés, il existe désormais de véritables navettes avec une techno plus aboutie et qui en sont aujourd'hui au stade commercial chez Easymile et Navya. Mme Trautmann le sait. Mais, elle promet des surprises et des découvertes. Il pourrait y a voir par exemple des bus autonomes.


Quelques détails ont été fournis par l'Eurodistrict Strasbourg Ordenau, une communauté d'agglo transfrontalière qui rassemble 50 élus français et allemands (et dont le maire de Strasbourg, Roland Ries, est Vice-Président). La compétition sera supervisée par la CTS, l'opérateur local de transports publics. Un appel à candidatures sera lancé le 3 février et jusqu'au 28 février. Le 17 mars, un comité se réunira pour opérer une préselection, sachant que les candidats devront justifier des autorisations de délégation de conduite, aussi bien en France que pour l'Allemagne (auprès du Land de Bade-Wurtemberg). Ils prendront également en charge les frais d'assurance et de maintenance.

Le calendrier prévoit des réunions techniques, puis des tests du 12 au 16 juin, avant le début du challenge. A l'issue de la compétition, il y aura une remise de trophée.

Strasbourg entend devenir un laboratoire des mobilités. Il n'est pas exclu d'ailleurs qu'un service de navettes autonomes puisse être mis en service plus tard, en fonction des résultats obtenus au challenge.

Du côté du ministère des Transports, l'objectif est d'approfondir ce qui a été fait à Bordeaux, où une vraie première mondiale a été réalisée en octobre 2015 (lors du congrès mondial sur les ITS) avec des démos sur route ouverte de véhicules autonomes. Une pression a été mise sur les opérateurs de transports publics, en particulier la RATP, pour expérimenter le véhicule autonome et ne pas attendre le déferlement qui s'annonce dans l'automobile. A ce propos, j'ai pu mesurer une méconnaissance assez gênante de ce secteur, tant au ministère qu'à l'UTP (Union des Transports Publics) qui accueillait la conférence de presse. Je pense aussi qu'il est un peu vain d'opposer l'automobile et les transports publics (priorité affichée par Strasbourg pour ce congrès).

D'ailleurs, le congrès de Strasbourg sera peut-être l'occasion de donner le coup d'envoi de l'expérimentation du projet Cristal avec Lohr. Ce n'est pas un véhicule autonome, mais ce concept de navette individuelle en location et qui peut se rattacher à d'autres pour former des convois en mode transport public ne manque pas d'intérêt.