vendredi 23 décembre 2016

La voiture électrique de Bolloré dans une impasse ?

La presse a beaucoup commenté le rapport du cabinet 6t qui a révélé qu'au bout de 5 ans le système Autolib' n'était pas rentable et ne le serait peut-être jamais. Je ne suis pas surpris. Dès le début, j'ai compris que le groupe Bolloré avait souhaité faire avant tout de ce service une vitrine, pour montrer la fiabilité de ses batteries. Quitte à perdre de l'argent. Tout comme le Vélib', qui est martyrisé par des gens qui ne respectent rien, les Bluecar de Bolloré sont également durement éprouvées et cela coûte. Quiconque a visité le garage d'Autolib au nord de Paris sait de quoi je parle. Mais, la bonne question c'est : quel avenir pour la batterie de l'industriel breton ?

Alors que le groupe a remporté un appel d'offres à Los Angeles et nourrit plusieurs projets, avec ou sans partenaires, c'est la question à poser. Les dirigeants du groupe ont beau jeu de répondre que ces services d'autopartage constituent un "stress test" sans précédent et que cela démontre la fiabilité des batteries Batscap, je pense que Bolloré a loupé le coche dans l'auto. La fenêtre était étroite et elle s'est refermée.

Les accords mis en avant avec PSA et Renault ne signifient absolument pas que ces constructeurs vont intégrer les batteries du groupe. Figurant au catalogue de Citroën, en attendant mieux, la e-Méhari ne se vend pas, ou si peu, et PSA a un accord avec DongFeng pour développer ses futurs véhicules électriques. Quant à Renault, il a démontré que le choix technique de LG était le bon, avec une autonomie doublée pour la ZOE. Et si Bolloré n'est pas arrivé à convaincre en France, comment le pourrait-il à l'étranger ? Tous les grands constructeurs ont déjà des partenariats dans le domaine des batteries et les progrès fulgurants (on en est à 300 km réels) ne laissent pas beaucoup d'espoir à Bolloré pour y prendre sa place. Depuis le lancement de la Bluecar, je n'ai d'ailleurs pas entendu parler d'amélioration des performances. Par contre, la presse ne manque pas de rappeler que les batteries consomment même à l'arrêt.

Accessoirement, le motif de la batterie qui n'explose pas ne porte plus non plus, étant donné que les craintes que l'on pouvait avoir sur le sujet se sont dissipées.

J'ajoute que le non-respect du calendrier pour la mise en place de 16 000 bornes de recharge par le groupe dans l'hexagone constitue un autre sujet d'interrogation.

Si l'avenir semble compromis dans l'automobile, en l'état actuel des choses, et que la concurrence est appelée à devenir plus rude aussi dans l'autopartage*, il est sans doute plus assuré dans d'autres domaines. L'industriel breton peut investir le créneau des bus électriques, en profitant du plan ambitieux de la RATP, sans oublier le tramway. Il peut aussi décliner son savoir-faire dans d'autres secteurs de la mobilité, tels que les navettes fluviales par exemple. Un BateauLib' serait pertinent sur la Seine.

Une autre bonne question est de savoir ce que Vincent Bolloré veut faire à terme de son activité de stockage d'énergie, qui comprend aussi les batteries à domicile. Il semble plus préoccupé en ce moment par les médias.

*Tous les constructeurs y viennent, dont Renault et PSA qui ont, certes, des accords avec Bolloré, mais opèrent aussi du service avec d'autres partenaires. Rappelons que Daimler est aussi un acteur important avec Car2Go.