jeudi 1 décembre 2016

Chargeurs ultra-rapides : le Graal de l'électrique ou une fausse bonne idée ?

Depuis quelque temps, les annonces se multiplient dans le domaine du véhicule électrique à batterie. Jaguar, Maserati, McLaren, Porsche (on n'attend plus que Ferrari) ont prévu de lancer avant 2020 des modèles zéro émission. Les progrès réels en matière d'autonomie et le développement en parallèle de l'infrastructure de charge commencent à lever quelques freins. Et la dernière info en date a de quoi faire rêver. Un consortium constitué de BMW, Daimler, Volkswagen, Audi, Porsche et Ford a décidé de mutualiser les efforts pour installer des chargeurs ultra-rapides. L'objectif est de pouvoir faire le plein de courant électrique dans un délai proche de celui d'un plein d'essence à la pompe.
Cette promesse est celle des chargeurs à 350 kW, que ces industriels proposent d'installer sur les autoroutes. Avec ce type de borne, encore plus performante que la technologie utilisée par Tesla (120 kW), le plein d'énergie ne sera plus une contrainte. Du moins pour les véhicules électriques compatibles avec le standard CCS (combined charging system, ou Combo 2), sur lequel ont misé notamment les constructeurs allemands. Les premières stations sont annoncées pour 2017, avec un déploiement étalé jusqu'à 2020.

La future société commune, dont on ne connaît pas encore le nom, pourra d'ailleurs s'ouvrir à d'autres industriels désireux de mutualiser les coûts et de bâtir ce réseau.

En apparence, c'est une solution séduisante. Et les commentateurs ne manqueront pas de penser (et ils commencent à le dire) que le match est plié, face à l'hydrogène. Pourquoi s'embêter à faire des stations et aménager un réseau dédié, alors que des bornes sur autoroute feront l'affaire pour des véhicules électriques (certes chers) dont le rayon d'action se rapproche de ceux qui sont propulsés par une pile à combustible ?

Réticents à prendre la parole (ça me rappelle les acteurs du Diesel qui n'ont pas su le faire quand il le fallait, et qui sont inaudibles aujourd'hui), les partisans de l'hydrogène font valoir que les bornes ultra-rapides ne sont pas pour autant la panacée. C'est une bonne solution sur le papier, mais... II faut tenir compte en amont du réseau électrique. Faire un plein de 500 km en 10 mn avec une voiture électrique qui consommera 20 kWh au 100 km*, c’est juste un branchement de 1 MW. Et même en 30 mn, cela fait encore 330 kW. Soit, l'équivalent de l'énergie nécessaire pour faire fonctionner 50 appartements (et même plus de 150 appartements en tenant compte du foisonnement).

Ce à quoi les partisans de l'électrique à batterie rétorquent qu'on trouve des lignes à haute tension à proximité des autoroutes.

Pas sûr que cet aspect des choses ait vraiment été pris en compte par le consortium des constructeurs allemands, en tout cas en concertation avec les énergéticiens (d'autant qu'en France c'est plutôt la charge lente qui prévaut). Mais, au niveau de la com', ce plan de déploiement a suscité un buzz qui va donner du fil à retordre aux acteurs de l'hydrogène.

*Sur la base de batteries dimensionnées à 90, voire 100 kWh pour offrir 500 km d'autonomie.