vendredi 18 décembre 2015

Quand Google et Apple inspirent plus confiance pour la voiture autonome

J'ai consulté avec intérêt l'étude réalisée par l'Observatoire Cetelem et qui porte sur la voiture autonome. Menée auprès de 15 pays* clefs, elle révèle que plus d'un automobiliste sur deux (55 %) déclare être prêt à acheter une Apple Car (qui pourtant n'existe pas encore) ou une Google Car si elles étaient commercialisées. Voilà qui est très flatteur pour les géants de la Silicon Valley, dont l'image est liée à l'innovation et à qui on confère la capacité de réussir dans un domaine qui n'est pas le leur. Mais, je vais vous expliquer pourquoi ce sondage ne reflète pas forcément la réalité.

 D'abord, il faut rappeler que Google n'a pas l'intention de faire de voiture. Je l'ai écrit, redit et j'insiste encore. Le géant du Net n'a aucun intérêt à fabriquer ses propres véhicules et recherche plutôt des partenariats. La flotte qu'il teste actuellement à Mountain View (Californie) et Austin (Texas) est composée de voiturettes dont la vitesse est limitée à 40 km/h. Si c'est cela que veut le bon peuple, je lui laisse bien volontiers. Ah, au fait, corrigeons au passage Cetelem, qui affirme dans son communiqué que "Google s'est lancé depuis plus de 10 ans dans la course à la voiture autonome et semble avoir pris une longueur d'avance sur les constructeurs". Les gars, c'est en 2009 que le projet a commencé. Quant à l'avance, elle est discutable. Certes, Google cumule 1,2 million de miles en roulage. Mais, uniquement sous le soleil et aux USA.

Partout dans le monde, y compris dans le Nevada et en Californie**, les constructeurs testent également leurs prototypes. Certains d'entre eux ont déjà 10, voire 30 ans d'expérience.

Quant à Apple, rappelons qu'à ce jour il n'a rien confirmé de ses projets, ni rien montré non plus (alors que Faraday Future va présenter un concept au CES de Las Vegas). Et quand bien même un tel produit serait vraiment proposé à la vente, je suis curieux de voir à quel prix il serait affiché. Quand on voit le tarif des derniers iPhones, il y a de quoi avoir des sueurs froides. Et puis quel serait le modèle ? Un véhicule à venir chercher dans les Apple stores, à renouveler tous les 18 mois ? Avec des connecteurs qui changent d'une génération à l'autre ?

La bonne nouvelle, c'est que d'après l'étude de l'Observatoire du Cetelem, les automobilistes pensent majoritairement (62 %) que les constructeurs sont les mieux placés pour faire évoluer la voiture traditionnelle et c'est particulièrement vrai en France (70 %) et en Allemagne (74 %). Pour avoir échangé avec des confrères et un constructeur français sur ce thème aujourd'hui, j'avoue être toujours stupéfait par l'ampleur de certains buzz.

Mais moi, j'ai de la mémoire. Je me souviens d'une époque pas si lointaine, où une majorité d'automobilistes se déclaraient prêts à acheter des voitures électriques et où de nouveaux acteurs rêvaient de supplanter les constructeurs classiques. La suite, on la connaît..

*Afrique du Sud, Allemagne, Belgique, Brésil, Chine, Espagne, États-Unis, France, Italie, Japon, Mexique, Pologne, Portugal, Royaume-Uni et Turquie
** Cet état souhaite imposer la présence, à bord des véhicules autonomes, d’une personne titulaire du permis de conduire, de façon à pouvoir reprendre le contrôle en cas de problème. Google se dit déçu par la proposition du Département des véhicules à moteur (DMV).