mercredi 4 novembre 2015

Le gaz naturel : une alternative crédible au diesel pour les pros

A l'approche de la COP 21, qui prend une tournure hystérique, il vaut mieux s'y prendre à l'avance si on veut se faire entendre, face à la pensée unique du tout électrique. C'est le pari qu'a fait l'AFGNV (association française du gaz naturel véhicule), en tenant une conférence de presse avec la plupart de ses membres à MotorVillage, le show-room parisien de Fiat. Pourquoi avoir choisi le repaire de la marque italienne ? Simple, la firme de Turin est le leader en Europe avec 55 % de parts de marché, avec 60 000 ventes par an et 90 % du parc de 800 000 véhicules recensés en Italie.



Fiat propose d'ailleurs toute une gamme de véhicules, avec 9 modèles en bi-carburation essence et GNV, dont cette Punto par exemple aux couleurs de GRDF. L'offre se compose de 6 VL et de 3 VUL, avec un surcoût de 2000 € par rapport à une version à essence. A titre d'anecdote, car on ne trouve pas ça sur les blogs verdâtres, la première Fiat au gaz remonte à 1939 et s'appelait la 508 C.


Les acteurs du gaz veulent croire qu'avec la loi sur la transition énergétique, le gaz naturel peut se faire une place au soleil parmi les énergies alternatives. Et en particulier avec le biogaz, bien plus répandu qu'on ne le pense. Le gaz naturel est souvent assimilé à une énergie fossile, alors que des acteurs comme GRDF et GNVert (groupe Engie) savent faire du gaz propre. On m'a d'ailleurs expliqué qu'un véhicule alimenté par du biométhane (élaboré à partir de déchets) ne rejette que 5 grammes de CO2 par km, soit à peu de choses près l'équivalent d'une voiture électrique. A ce propos, l'un des intervenants n'a pas eu peur de critiquer "l'écologie de ministère", qui consiste à faire de l'électrique une vitrine pensée pour le 7ème arrondissement, totalement déconnectée de la réalité. Jean-Claude Girot, le président de l'AFGNV, qui vient de Renault Trucks, a bien souligné en complément que la fin du diesel n'était pas pour tout de suite pour les camions, les bus et les autocars. Un message qui s'adressait aux politiques. On pourrait toutefois compter 10 % de camions rouler au gaz en 2020 et 30 à 40 % en 2030.


Le gaz, et encore plus le biogaz, c'est sympa et écolo. Ca ne produit pas de particules fines et en plus cela fait moins de bruit, ce qui est très apprécié des conducteurs. Mais, les pouvoirs publics n'aident pas beaucoup la filière. Le professionnel qui voudrait acheter autre chose que du diesel n'a pas beaucoup d'avantages fiscaux et ne peut jouer que sur la fibre environnementale. En attendant un soutien qui tarde à venir, on peut au moins rassurer sur un point : l'infrastructure se met en place. Il existe à ce jour 40 stations ouvertes au public en France (où on partage les pompes avec des camions et des bus, pour à peu près 1 € le kig) et le réseau va se développer. L'objectif est d'avoir 300 stations à l'horizon 2020 et 1500 en 2030.

Comment expliquer un tel dynamisme ? Simple. Une directive européenne impose aux Etats membres dont la France, d'installer des infrastructures pour favoriser les énergies alternatives. Cela concerne aussi bien les bornes de recharge pour les véhicules électriques que les stations pour l'hydrogène et le gaz naturel. Notre pays devra préciser ses plans d'ici fin 2016.