jeudi 17 septembre 2015

PSA vs Google : deux approches différentes de la voiture autonome

A l'occasion du salon de Francfort, j'ai réalisé une interview du PDG de PSA Peugeot Citroën, Carlos Tavares. L'entretien a été publié aujourd'hui sur le blog du Congrès ITS de Bordeaux, où le constructeur français sera présent. Il m'a même révélé que la C4 autonome que PSA teste sur route ouverte depuis cet été, sera bien présente à cet événement. Elle fera d'ailleurs la route depuis Paris en mode automatisé juste avant le congrès. Mais, ce qui était encore plus intéressant, c'était d'entendre Carlos Tavares confronter son discours à celui de Google, dont le directeur du programme de véhicule sans conducteur, Chris Urmson, a fait le voyage pour la première fois au salon de Francfort.



Les deux hommes ont été conviés à une table ronde, dans le cadre du forum organisé par New Mobility World, le nouveau hall proposé par le salon de Francfort. La séance a été introduite par un responsable de Gartner, Thilo Koslowski. Lequel a annoncé que 150 millions de véhicules seraient connectés dans le monde en 2020. Il a aussi dit qu'on compterait 30 % de voitures autonomes en 2025.


Par la suite, Carlos Tavares a fait un speech assez classique. Mais, il a affiché sa confiance dans la capacité du groupe à pouvoir proposer des véhicules autonomes en 2020, avec des phases intermédiaires (hands off en 2018, eyes off en 2020). PSA veut également proposer des véhicules connectés et adresser de nouvelles thématiques comme la santé et le bien-être à bord.


On a pu écouter ensuite Chris Urmson, de Google. Si l'on met de côté le couac technique du début de sa présentation (un Mac avec un OS Android qui n'affichait pas la présentation au bon format), le patron de la Google Car a fait un speech à l'américaine assez efficace. Il a rappelé qu'un million de miles avaient été parcourus sans problème et que la firme de Mountain View voulait avant tout sauver le monde en améliorant la sécurité routière.
Voici quelques visuels : https://s.joomeo.com/55f9cec591cfc


Ce que je retiens, c'est que Google a besoin du concours de sous-traitants du monde automobile, comme Bosch, Continental et ZF. Pour la première fois, le géant du Net a reconnu que le domaine était très complexe et qu'il ne pouvait y arriver seul. Sans avancer de date précise, il vise toutefois l'horizon 2020 qui correspond aussi à celui des constructeurs.


Puis, est venu le temps de la discussion. Si l'animateur a bien essayé de demander à Google ce qu'ils venaient faire dans le business de l'automobile, ce qui a entraîné une vague réponse du type "on a tellement de talents qu'on s'est dit qu'on pourrait en faire profiter à l'automobile", c'est Carlos Tavares qui a tenu le discours le plus réaliste. Il a expliqué que les géants de la Silicon Valley étaient gérés par des pros du business, qui ne prennent pas de risques inutiles, et qu'on ne verrait donc pas de voitures fabriquées par Google. Il pense que ces nouveaux entrants sont avant tout à la recherche de partenariats. Pour le patron de PSA, c'est une opportunité davantage qu'une menace, mais encore faut-il que ces partenariats soient gagnants-gagnants. Une façon élégante de dire que PSA, comme d'autres constructeurs, ne se laisseront pas déposséder du contrôle du tableau de bord et de la relation directe avec le client.