lundi 7 septembre 2015

La voiture autonome à la française s'affiche à Bordeaux

Depuis plusieurs mois, certains acteurs travaillent d'arrache-pied afin de préparer les démonstrations prévues dans le cadre du Congrès ITS de Bordeaux, qui aura lien en octobre prochain. En particulier ceux qui veulent présenter des véhicules autonomes. J'ai eu l'occasion de voir de près et même de monter à bord des deux modèles les plus aboutis, une Golf équipée par Valeo (technologie Cruise 4U) et une Zoé complètement transformée par l'institut VEDECOM.



J'y suis un peu pour quelque chose si Valeo est venu avec la dernière version de son véhicule autonome, vendredi dernier à Bordeaux. L'équipementier n'était pas là pour les démos de juillet et j'ai prévenu les gens de la com' qu'une opération était prévue pour les télés. Et comme la technique fonctionne, Valeo a fait venir la voiture. En apparence, c'est une Golf tout ce qu'il y a de plus banale. C'est à peine si on remarque la présence d'un lidar à l'avant. Il n''y a rien qui dépasse.


Au passage, vous pouvez noter que la voiture arbore une plaque W, qui est une dérogation accordée par les pouvoirs publics aux véhicules autonomes.


Occupé à superviser le tournage d'un clip vidéo, qui sera diffusé lors de la cérémonie d'ouverture du Congrès ITS de Bordeaux, je n'ai pas pu participer à la démo à l'intérieur du véhicule, vu que nous le filmions de l'extérieur sur la rocade. Néanmoins, j'ai eu droit au récit de ma consoeur Pauline Ducamp de l'Usine Nouvelle.


Je sais que la voiture gère le changement de file et que l'expérience est probante. J'ai aussi visionné les rushes du tournage et c'est vraiment bluffant. D'ailleurs, la voiture a eu du succès auprès des médias.


Guillaume Devauchelle, directeur de l'innovation du groupe Valeo, avait fait le déplacement pour la journée. Il m'a dit que c'était un grand compliment quand je lui ai fait remarquer qu'on ne voyait presque rien de futuriste. C'était justement l'objectif recherché que de rendre simple à comprendre la technologie, car le véhicule autonome doit passer dans les moeurs. "Ca ne doit pas se voir de l'extérieur et paraître très normal de l'intérieur", m'a-t-il dit. J'en ai aussi profité pour lui demander ce qu'il pense de l'arrivée probable d'Apple sur ce marché. La firme à la pomme ne fait pas plus peur à Valeo que Google, car l'équipementier sera en position de force sur les capteurs.


L'autre point d'intérêt de cette matinée était la voiture préparée par l'institut VEDECOM. Au cas où vous ne le sauriez pas, il s'agit d'un ITE (institut de transition énergétique) qui concentre le meilleur de la recherche française dans l'automobile, dans le domaine de la délégation de conduite, les services de mobilité et l'électrification. Une synthèse qui s'exprime à travers cette Zoé qui n'a plus grand chose à voir avec l'originale.


Là aussi, le souci a été de prendre des capteurs abordables et de les intégrer à la carrosserie. Il y a pourtant 5 lidars, un radar et deux caméras. L'esthétique est très soignée. Renault devrait en prendre de la graine.


Mais, le plus intéressant se trouve à l'intérieur. Voici la console centrale, qui se situe entre le R-Link et la méga tablette de Tesla. On voit ici la cartographie, mais VEDECOM a prévu d'autres menus liés aux services connectés et au divertissement.


Pour se déplacer en mode autonome, il suffit d'appuyer sur un bouton (qui se colorie alors en vert, comme on le voit en haut de l'écran). Le conducteur peut alors lâcher le volant.


La démo se déroule en extérieur et dans le cadre d'un circuit urbain. Derrière le volant, Frédéric Mathis (directeur du programme véhicule à VEDECOM), pouvait se croiser les bras pendant que le véhicule gérait la conduite. La Zoé autonome aborde sans souci les ronds-points. Parfois, l'accélération est un peu forte et on ressent quelques à-coups, mais on s'habitue vite à ce co-pilote intelligent.


Comme on le voit ici, la voiture de VEDECOM n'évolue pas sur un bout de parking, mais sur route ouverte. La photo a été prise devant le parc des expositions de Bordeaux-Lac, là où sera proposé un circuit de démo de 7 km en site urbain pendant le congrès. A noter que le prototype dialogue avec les feux connectés (déployés dans le cadre du programme Compass4D) et adapte son allure selon que le feu soit au rouge ou au vert.


Vendredi, on a pu voir aussi la navette autonome d'Easymile (joint-venture entre Ligier et Robosoft), la fameuse EZ10. Elle a fait des rotations en mode automatisé autour du lac.


Le véhicule autonome à la française sera également présenté au Congrès ITS Bordeaux par Akka Technologies et Navya, dont les véhicules n'étaient pas visibles pour les démos de vendredi dernier. Une mention aussi aux équipes de l'UTBM, dont les Scenic transformées par FAAR Industry sont opérationnelles. Renault pour sa part présentera une démo de voiturier automatique avec des Fluence ZE. Tout ça pour dire aux geeks que les acteurs français savent déjà faire ce qu'Apple et Google promettent ou envisagent de faire dans le futur.