vendredi 23 janvier 2015

Clermont, capitale des navettes autonomes ?

Le hasard fait bien les choses. J’ai été invité hier à intervenir dans le cadre d’une journée sur la mobilité innovante, organisée par l’Université Blaise Pascal (et plus précisément le LabEx IMobS3*). Une journée placée sous le signe des navettes autonomes et de l’interaction entre l’homme et la machine. C’était un peu retour vers le futur, car j’étais venu en 2009 à Clermont-Ferrand pour une expo sur les véhicules autonomes, où on pouvait voir déjà le VIPA de Ligier, qui est devenu depuis l’EZ10 : une vitrine pour la région, mais aussi pour l’industrie française.



Comme l’a rappelé mon ami Jean-Luc Maté, de Continental Automotive, qui était également convié à cet événement, l’hexagone est en pointe dans les applications non-automobiles. Voilà une différence que notre pays peut faire valoir face à l’Allemagne. Le fait est que Conti a choisi de s’associer à Ligier pour l’aider à améliorer sa navette autonome, grâce à son expertise dans les capteurs, la fusion de données et l’interface homme-machine.


Cette journée m’a permis également de rencontrer d’autres partenaires autour de ce projet. Bien sûr, il y a le LabEx IMobS3, qui a travaillé sur les caméras et l’intelligence artificielle. J’ai aussi pris conscience de l’importance du pôle de compétitivité Viaméca, qui a aidé au financement du projet mais qui planche également sur les services et usages. Une société clermontoise spécialisée dans les objets connectés, Exotic Systems, apporte également sa contribution pour l’exploitation de la flotte et les stations qui seront desservies par l’EZ10.


Et il y a naturellement Michelin dans la boucle. Bibendum, qui est en train de construire un nouveau campus de recherche à Ladoux, en, banlieue de Clermont, va tester 5 de ces navettes. Ce sera une expérimentation très utile pour aider Ligier à avoir un retour sur la technologie et la pertinence de ce moyen de transport, complémentaire des transports en commun. Michelin croit en ce concept de navettes "door to door".


J'ai appris que des problèmes avaient été mis en évidence sur les navettes VIPA de première génération. Par exemple, les véhicules s’arrêtaient quand ils détectaient des piétons derrière eux. Certains points n’avaient pas été aussi pris en compte, comme le confort ou la prise en charge des personnes handicapées.


A l’inverse, les études** menées par des experts en psychologie et en ergonomie ont permis de montrer que la confiance s’installait très vite, y compris chez les usagers qui étaient réticents au début.


La mise en place d'un tel système de navette suppose de prendre en compte les piétons, lesquels sont de plus en plus connectés. Il pourra donc y avoir un échange de données entre le véhicule autonome et les objets connectés, comme les smartphones et les montres.


Mais dans un monde où tout le monde communique, du véhicule au feu tricolore en passant par le piéton, le tout grâce à des réseaux sans fil, on s'expose à une menace grandissante : les cyber attaques. Un représentant de la chaire de confiance numérique de l'Université de Clermont a expliqué combien il était facile d'accéder aux données. Il faut donc redoubler d'efforts dans le cryptage.


Bilan de cette journée : on a parlé de l’importance de l’IHM (essentielle pour comprendre ce que fait la machine) et des services associés. Alors que la tendance est au véhicule partagé, une navette autonome fait sens dans la ville, dans les aéroports, les parcs d’exposition et pourquoi pas au sein de certaines entreprises. Mais, il ne faut pas oublier que la technologie reste le point dur. Continental Automotive a souligné que le niveau de fiabilité attendu était de 10 puissance -9, autrement dit le même niveau d’exigence que dans l’aéronautique et pour les centrales nucléaires.

Voir l'album photo : https://s.joomeo.com/54c3e0eeb5f02