samedi 16 novembre 2013

Combustible solide : l’étonnante solution de PSA à base de métaux et d’énergie solaire

Pour la plupart des gens, PSA ne sait faire que du diesel et n’innove guère. C’est bien mal connaître ce groupe qui, malgré un budget de R&D contraint, doit faire preuve de beaucoup d’imagination pour essayer de jouer le coup d’après. C’est ainsi que dans le cadre du StelLab* (le réseau tissé avec des universités de pointe pour faire de l’open innovation), le constructeur français a décidé d’explorer une voie originale en prévision de 2030 : le combustible solide pour s’affranchir des hydrocarbures et des émissions de CO2.
C’est sans doute le projet qui a le plus retenu l’attention, de la part des journalistes qui avaient fait le déplacement hier à Vélizy, mais aussi, on l’imagine, des cadres de premier plan de PSA que j’ai croisés et qui nous succédaient. Il faut dire que l'enjeu est de taille : tourner le dos au moteur à combustion interne.


Le choix de PSA est de faire appel à un tout autre carburant. Le groupe veut en effet utiliser des particules métalliques, comme l'aluminium (en photo), le magnésium ou encore le fer. Ces particules dégagent de l'énergie et même beaucoup si l'on se réfère à la catastrophe d'AZF à Toulouse. En maîtrisant le dosage, pour une totale sécurité à bord, l'idée est évidemment de proposer une nouvelle source d'énergie, qui tire sa source d'ingrédients présents en quantité abondante sur terre.


Et comme on le voit ici, le petit pot de particules a une équivalence en énergie qui n'est pas ridicule, quand on compare au récipient de droite contenant du carburant liquide.


Les particules métalliques délivrent de l'énergie quand elles sont mises en contact avec de l'air, un mélange d'oxygène et d'hélium, voire du CO2 en fonction de la nature de ces particules. Le plus gros changement vient du fait que le "carburant" ne vient pas alimenter un moteur classique, mais un... réacteur. L'idée est d'avoir une réaction thermodynamique par combustion externe. Voilà qui entraînerait une sacrée rupture.


Pour le moment, deux options sont possibles. Soit, les particules sont stockées sous forme purement solides, dans une espèce de boite. Soit, elles sont diluées dans un liquide (solution plus pratique, car on sait faire des réservoirs qui épousent la forme de la carrosserie et ont moins d'emprise sur l'architecture du véhicule). L'astuce consiste à intégrer un piège de façon à ce que les particules oxydées ne sortent pas du véhicule et ne génèrent pas de pollution. C'est un peu un filtre à particules...métalliques. Et quand la boîte est vide (en particules), on la remplace par une autre. Le schéma fait penser un peu au modèle Better Place. L'autonomie serait de 1000 km, voire plus avec un "plein".


L'avantage vient du fait que les particules oxydées peuvent être facilement recyclées, par oxydo-réduction. Autrement dit, par une réaction chimique inverse, on peut récupérer les particules pour les utiliser une fois de plus dans un véhicule. Tout cela grâce à des matériaux existant dans la nature. Il faut simplement de l'énergie pour opérer cette réaction chimique inversée. Et c'est là que les énergies renouvelables, avec de l'éolien mais plus vraisemblablement du solaire, pourraient contribuer à un bilan vertueux. Dans l'esprit de PSA, les stations-services seraient remplacées par des centrales solaires en miniature, stockant et regénérant les fameuses boîtes à particules.
Pour le moment, les autorités françaises ne connaissent pas ce projet et ce sera aussi une découverte pour les autres constructeurs. L'objectif du groupe est d'attirer l'attention sur ce projet et - qui sait ? - de fédérer les efforts d'autres marques pour concrétiser cette vision. La solution imaginée par PSA pourrait dans un premier temps être utilisée en tant que prolongateur d'autonomie pour les véhicules électriques.

*J'ai déjà parlé sur ce blog du réseau StelLab, qui a déjà trois ans et fédère un nombre croissant d'universités. Le projet de combustible solide a été monté avec l'aide du labo Prisme d'Orléans, spécialisé dans l'énergie.