samedi 1 octobre 2011

Autolib' entre dans le concret (première partie)


Tous ceux qui avaient parié sur l'échec de Bolloré en sont pour leurs frais. La Bluecar est bien là, comme prévu, et les 66 premiers exemplaires seront au rendez-vous dès ce dimanche pour les premiers tests du service sur Paris, avec 33 stations. Leur nombre va ensuite passer à 250 pour l'ouverture du service, le 5 décembre prochain, puis à 2500 l'été prochain et enfin 3000 à terme. Pas de doute, c'est la revanche de la voiture électrique... de Bolloré. Le syndicat Autolib', qui regroupe 46 communes d'Ile-de-France, a rappelé hier que le choix s'était fait à l'unanimité en décembre 2010. Un an plus tard, le plus grand service d'auto partage de véhicules électriques au monde va pouvoir devenir une réalité, avec un slogan phare : "libre comme l'air".


Voir la vidéo :



L'industriel breton, que j'ai déjà côtoyé lors du démarrage de son projet de voiture électrique, est un coriace. Il est allé jusqu'au bout de son rêve. Malgré les moqueries des grands constructeurs (qu'il ne s'est d'ailleurs pas privé de dézinguer en soulignant que lui n'avait pas reçu d'aide de l'Etat), qui pour le moment sont en retard ou n'ont pas vraiment convaincu le grand public*, il a montré qu'il était possible de proposer une alternative.


Avec humour, Bolloré a fait le rapprochement avec sa chaîne Direct 8, qui avait été beaucoup critiquée lors de son lancement. L'intention première reste toujours de produire avant tout des batteries lithium métal polymère, ces fameuses batteries produites près de Quimper. L'industriel breton affirme toujours qu'elles sont plus sûres, car elles ne s'échauffent qu'à partir de 180°C, contre 60°C pour les batteries lithium-ion. Il ne désespère pas de convaincre un jour les constructeurs de les adopter.


Il faut savoir à ce propos que ces mêmes batteries équipent le micro bus électrique de Gruau, dont l'autonomie est de 120 km.


Mais, revenons à la Bluecar version Autolib'. La voiture avait été présentée lors du dernier Mondial de l'Automobile. C'est une stricte 4 portes. Comme on peut le voir, la Bluecar classique pour les particuliers (qui devront encore attendre, la priorité étant pour le moment réservée à Autolib') est bleue, alors que la version Autolib' est grise.


L'explication est simple : on a choisi chez Bolloré de ne pas peindre la caisse. Elle est donc nue, couleur aluminium. Officiellement, c'est pour ne pas utiliser de solvants et préserver l'environnement. Plus prosaïquement, c'est en prévision des inévitables dégradations. L'aluminium a tendance à s'auto réparer.


Alors, qu'est-ce que vaut la nouvelle Bluecar ? En tant que passager, j'ai eu l'occasion de rouler sur route sur quelques km. A l'arrière, les places sont un peu justes et ne réservent que peu d’espace sous le toit. On peut voyager à 4, mais on est un peu à l'étroit dans cette auto de 3,56 m à l'ambiance spartiate.



Au moment de prendre le volant, je me suis rappelé l'essai de la toute première Bluecar, celle qui avait été dessinée par Philippe Guédon, le père de l'Espace. Au fond, il n'y a que la carrosserie qui change, puisque les composants sont restés les mêmes. L'auto embarque un moteur électrique de 50 Kw, ainsi qu'une batterie lithium-métal-polymère de 30 kWh et de 350 kg. Verdict : elle se montre assez vive au démarrage. Nous avons même fait crisser les pneus. Le responsable du développement m'a avoué coiffer le sur le poteau n’importe quelle voiture au feu vert jusqu’à 60 km/h. Autre particularité : un rayon de braquage exceptionnel.


Sinon, elle est silencieuse et plaisante à conduire, grâce à sa boîte de vitesses automatique avec trois modes : normal, éco et ICE (pour l’antipatinage sur sol gelé). Pendant les deux premières minutes, la Bluecar ne délivre pas tout de suite sa puissance maxi (puissance limitée, peut on lire sur l’écran). Mais, c’est voulu pour épargner la batterie. Nous n’avons pas pu rouler beaucoup et donc vérifier l’autonomie affichée de 250 km. Les parisiens pourront juger sur pièces pendant le test qui débute ce week end et jusqu’à l’ouverture du service, le 5 décembre.
La prochaine fois, je reviendrai sur le fonctionnement du service Autolib'.

Voir le diaporama :



*Bolloré a rappelé qu'il ne s'était immatriculé que 1200 VE au 31 août et que l'année devrait se terminer sur 2000 immats, dont 250 Bluecar.